LE PAYSAN

Publié le par Pascal BIDA KOYAGBELE

LE PAYSAN

La redécouverte du monde paysan

De retour en RCA en 2007 à travers ces activités il est amené à passer le plus clair de son temps, surtout à partir de 2008, dans le cadre de ses activités dans le solaire où il est amené à distribuer ces produits dans les villages, dans le milieu rural. D’autre part , fournisseur de solutions solaires, il collabore avec l’agence d’électrification rurale sur des projets en province qui l’amène à participer à plusieurs études à l’intérieur du pays sur l'électrification des villages, par des solutions énergétiques alternatives.

Cela lui permet d’être en contact régulier avec les paysans. Le marché d’implantation de solutions alternatives solaires dans 80% des églises de provinces, lui permet de faire le tour du pays et des villages de province, du nord au sud de l’est à l’Ouest et de se familiariser, avec le monde paysan.

Mais il reprend contact avec le monde pygmées dont il va à la rencontre au moins une fois dans le mois pour approfondir ces recherches sur la cosmogonie et la cosmologie pygmée.

Le quotidien partagé

Partageant leur quotidien, il s’est intéressé et a découvert des réalités et leur système de valeurs qui lui échappaient totalement. Ce qui était surprenant, c’était de voir ce citadin, habitué aux milieux feutrés, à la modernité, s’adapter à un milieu aussi austère que moyenâgeux, dormant dans les cases en terre sur une natte, se baignant à la rivière.

C’est ce qui est remarquable chez ce personnage, sa capacité à s’adapter à toutes les situations, mais surtout de mettre à l’aise ses interlocuteurs, il donne toujours l’impression de s’intéresser particulièrement à vous au point de tout abandonner pour vous. C’est une des raisons pour lesquelles il est toujours en retard, il prend le temps d’échanger et de connaitre les hommes, quitte à sacrifier un rendez-vous important, ce qui est gratifiant. Il écoute beaucoup non pas par démagogie mais pour apprendre des autres, car il est dans une quête permanente de connaissance. C’est quelqu’un qui aime débattre et peut débattre avec n’importe qui sur différents sujets, la femme au marché, le paysan au champs, son chauffeur, ses ouvriers, son gardien. C’est un homme de terrain.

C’est à partir de là qu’il a saisi le paradoxe, de la misère d’un peuple merveilleux et heureux, de vivre dans un cadre paradisiaque, béni de dieu, ou tout ce qui est vital pour l’homme est à portée de main, une nature aussi généreuse que son sol et son sous-sol. Il redécouvre le charme et la beauté de son pays sous un autre angle, mais surtout découvre un grand peuple, tout aussi généreux que son environnement, mais qui malgré tout aspire à plus, à un minimum décent pour pouvoir vivre le progrès humain et être plus heureux.

Il a compris et partagé leurs rêves, leurs aspirations profondes, vécu leur douleur et leurs souffrances. Ayant souffert de dysenterie comme les enfants pour avoir bu la même eau de puits qui affecte leur quotidien par des pandémies de tout type. Il a partagé la douleur de perdre un être cher dans un village faute de médicaments, une femme en couche qui meurt faute de maternité, des parents inquiets pour le peu de chance qu’offre la société à leurs enfants pour se former et avoir un avenir meilleur, faute d’école. Le même enfant ne pouvant relire ces devoirs la nuit faute d’électricité.

L’école du terrain l’école de la terre

Mais ce sont ces mêmes paysans qui lui ont fait prendre conscience de la richesse que représentait cette terre, c’est la raison pour laquelle il dit à qui veut l’entendre que « la meilleure école, fut pour lui l’école du terrain, l’école de la terre ».

Il y apprit des valeurs de respect, de respect de ce qui nous entoure, de respect de la vie. Des valeurs de tolérance, d’hospitalité, mais aussi et surtout la quête du bonheur et l’espoir d’être heureux un jour.

Face à la détresse, il fallait s’organiser

Face à cette détresse, il décida d’aider les paysans à s’organiser en leur faisant prendre conscience du fait qu’ils étaient une réelle force, soit 85% de la population et qu’ils avaient un réel poids économique 55% de la structure du PIB. Qu’il fallait qu’il puisse faire écho de leur détresse et exiger que les politiques tiennent compte de leurs aspirations, au lieu de seulement solliciter leurs voies, lors des différents scrutins. Il fallait pour cela qu’ils s’organisent dans un syndicat, il leur fit part de l’expérience des paysans français avec José Beauvais.

C’est ainsi qu’en Décembre 2010 les paysans réunis à Bolemba dans la Lobaye avec l’appui logistique de la société de Bida KOYAGBELE, les paysans associés à des syndicalistes et des intellectuels fondèrent l’APC, ( l’association des paysans centrafricains)dont Yvon Tchickaya, Donald Yambaka, Térence S, Yves Balézu,lecorbeau, qui désignèrent à sa grande surprise Pascal Bida KOYAGBELE pour diriger la structure pendant 6 ans, ayant eu l’initiative du projet.

Témoignant son attachement à l’éducation, il fait détruire les écoles de fortune construites par l’Union Européenne pour construire de vraies écoles et faire passer un message d’une Afrique exigeante, il fait construire des puits,propose d' organiser la table ronde de l’agriculture afin de soumettre aux autorités un projet de développement agricole durable, avec pour ambition de faire de la RCA, le grenier de l’Afrique.

Ce qui lui a valu d’être apprécié et connu dans le monde paysan. L’APC était la plus grande centrale syndicale en terme de cotisants, s’étant acquitté d’une cotisation de 100 fcfa, soit 110 000 cotisants.

Il s’investit dans la terre

Il est vrai qu’il n’avait pas une grande expérience de la terre mais s’y consacre par la suite s’ investissant complètement dans l’agriculture et l’agro-industrie. C’est ainsi qu’il acheta 25 000 ha à Mobaye pour y implanter une palmeraie de 20 000 ha dont 5 000 ha reviendraient aux paysans de la région. Sur le même site, il implantait une unité de production de raffinage d’huile de palme et de production de savon ,d’une de 150T/J ainsi qu’une ferme pour l’élevage bovin une tomateraie de 1000 ha. Les bœufs seraient abattus dans un abattoir d’une capacité de 1 000 bœufs par jour, et une unité de transformation de tomates en tomates concentrées serait aussi établie.

Le drame, la seleka et les djihadistes: Un combat pour la survie des paysans et de toute une nation .

Durant la progression de la séléka qui s’évertuait à violer publiquement les paysannes, piller les greniers, détruire les écoles et les églises,alerté par le réseau des paysans du syndicat, Bida fut le premier à dénoncer les exactions de la seleka et à demander aux autorités de neutraliser ce groupe de bandits qui s’en prenaient aux paisibles paysans.

Ce qui lui valut une campagne de dénigrement montée par le responsable de la communication de la seleka, sur son site Centrafrique presse. Sans relâche dans la presse il faisait écho de la souffrance des populations sous la férule de la seleka, qui jura d’avoir sa peau à leur prise du pouvoir.

La chaine de solidarité ou l’ultime combat

D’autre part il dénonça la présence de djihadistes dans les rangs de la seleka qui avaient pour intention d’islamiser la RCA par la Force et le soutien obscur apporté par la France à cette nébuleuse.Il dénonce une guerre du pétrole orchestrée par Paris, Ndjaména et Khartoum.

De là, Il organisa une chaine de solidarité alimentaire et humanitaire, en demandant aux paysans des zones non occupées de collecter des vivres pour assister leurs frères paysans des zones occupées. Il donna lui-même 30 000 savons, 10 000 litres d’huiles, 5 000 T-shirts et des médicaments.

Publié dans PROFILE

Partager cet article

Repost0

Commenter cet article